Nous prenons un bus de nuit entre Yangon et Mandalay pour le plus grand bonheur des enfants. Ils adorent ça. Tout se passe bien et nous arrivons à 5 heures du matin à la gare routière de Mandalay, déjà en effervescence. Nous y trouvons un jeune chauffeur de taxi, qui parle bien anglais et qui sera notre guide pour le lendemain.
A l’arrivée dans notre chambre, nous apprenons la triste nouvelle de l’attentat de Nice qui vient de se produire. Internet est très lent et ne nous permet pas de suivre tous les détails de cette terrible information. Ce qui se passe en France contraste tellement avec l’ambiance qui règne ici, chaleureuse et paisible.
Voyager en Myanmar avec des enfants, de surcroit avec une petite fille à la peau claire et aux yeux bleues est toute une expérience. Nous croyions qu’il était difficile de rivaliser avec les chinois (pour le nombre de photos prises) et avec les vietnamiens (pour l’intérêt porté aux enfants). Et bien les birmans sont hors catégorie : les enfants sont regardés partout comme de vraies bêtes curieuses. On leur sourit, on les montre du doigt, on approche les bébés pour qu’ils les touchent, on leur pince les joues, on touche leur peau et bien sûr on les prend en photo sous toutes les coutures, seuls, en groupe, en selfie… Et c’est vrai partout, tout le temps : depuis la réceptionniste de l’hotel, aux inconnus dans la rue, dans les temples et jusqu’à nos voisins de table au restaurant.
Anaëlle fait également sensation auprès des jeunes qui n’en reviennent pas de son âge. Et puis son allure et tenues vestimentaires doivent également interpeler. Elle se prête tout sourire aux séances photos. Gaspard, en bon élève, accepte le plus souvent sans trop se plaindre de prendre la pose. Il reste Armance, la star parmi les stars et de loin la plus rebelle des trois. Et c’est pourtant vers elle que tous les regards se tournent en premier. Echaudée par les bus de touristes chinois rencontrés notamment en Nouvelle Zélande et au Cambodge, elle considère que tout être qui s’approche est un de nos amis chinois, prêt à tout pour avoir sa photo. Elle fait un gros blocage. Et pourtant, l’approche des birmans est infiniment plus curieuse, bienveillante et amicale. A force d’explication, d’un peu de chantage il faut bien le dire et de jeux inventés par Anaëlle (par exemple, on joue à faire coucou de la main à toutes les personnes qui nous regardent), elle commence à s’y faire. Sa nouvelle technique est de jouer à cache cache avec les personnes qui veulent la prendre en photo. Alors évidemment c’est un peu long mais une fois la partie terminée, elle accepte en général gentillement de poser.
Les birmans sont très curieux et viennent très spontanément nous parler. Les discussions sont fonction du niveau d’anglais de nos interlocuteurs. Mais même s’ils ne parlent pas un mot d’anglais, ils approchent et nous parlent, sourient et puis s’en vont.
A Mandalay, nous faisons le tour des pagodes et monastères. Nous avons la chance de visiter la pagode de Mahamuni un samedi matin, jour de Shinbyu. C’est très surprenant de voir ces enfants, habillés en tenues de fêtes, maquillés qui, dans quelques heures, seront laissés par leurs parents au monastère et à qui on rasera la tête. Ils ne sont d’ailleurs pas très joyeux. Mais c’est comme ça, tous les garçons birmans entrent au monastère au moins une fois dans leur vie, ne serait-ce que pour quelques jours.
Ce qui est étonnant, c’est cette ferveur dans la religion. Partout où nous allons, il y a des pagodes, des bouddhas, des offrandes, des gens qui prient. Mais c’est une façon de vivre la religion très conviviale. Les gens prient à toute heures, les temples sont des lieux de vie, on s’y promène avec son amoureuse, on y pique nique en famille, on y joue avec ses copains. Donc enchaîner les visites de temples et de monastères ne pose pas de problème aux enfants qui aiment voir tous ces bouddhas souvent un peu kitchs (ils prient souvent et très sérieusement). Et puis, ils adorent marcher pieds nus pratiquement toute la journée. D’ailleurs Gaspard dira : « c’est Tim qui serait heureux ici ».